Gustave Blanchot naît en 1883. Enfant rêveur, il invente le personnage de Gus Bofa, dessinateur et ami des animaux. Issu d’une lignée d’officiers sans fortune, il rêve d’aventures guerrières avant de comprendre, à dix-huit ans, que la servitude militaire ne lui convient pas. Après quelques faux départs, il trouve sa voie dans le dessin publicitaire et crée, en 1906, les Affiches Gus Bofa.
Parti au front en août 1914 sous l’aspect d’une belle brute blonde, Bofa rentre de guerre invalide, médaillé, et convaincu de l’absurdité de la condition humaine. Il donne alors à sa carrière un tour résolument littéraire, illustrant les livres de son ami Pierre Mac Orlan, les grands auteurs classiques, ou ses propres textes.
Dans les années 30, la vogue de la bibliophilie va permettre à Gus Bofa de réaliser son rêve d’une synthèse entre le dessin et l’écriture. Son inspiration y gagne en liberté et il donne avec “Malaises” et “La Symphonie de la peur” deux merveilles qui appartiennent autant à la littérature qu’à l’illustration, et qui disent mieux que les livres d’histoires les peurs de l’entre-deux-guerres.
En juin 1940, le monde de Bofa s’écroule à nouveau ; celui qu’il retrouve en 1945 lui est devenu étranger. Se désintéressant d’une époque qui le lui rend bien, Bofa veut croire que tout est encore possible. Il ajoute quelques pépites à une bibliographie déjà riche en chef-d’œuvres. Mais le temps de l’édition de luxe est bel et bien fini.
Il imagine un temps repartir à zéro sous un autre nom. Mais à quoi bon ? L’oubli est déjà là, que suit bientôt le silence. Gus Bofa meurt en 1968 à Aubagne, avant d’être progressivement redécouvert par les générations suivantes.