Un jour de 1941, alors qu’il est en train de naître quelque part en Hollande, le petit Willem comprend confusément en sentant les mains moites et les souffles chauds qui se concentrent sur lui que la vie va être dégoûtante et délicieuse à la fois.
Cette lucidité précoce ne le quittera plus et se retrouve dans son caractère, qui conjugue un goût prononcé pour la vie à une certaine méfiance pour le genre humain.
Enfant, il consigne ses impressions sous forme de dessins, en s’inspirant des visages crispés qui l’avaient accueilli à son premier jour. Cet appétit pour la vérité est compris comme une insolence. Parce qu’il n’aime pas décevoir, il participe en 1965 au mouvement Provo. Puis il s’exile en France, persuadé que le con y est plus rare et qu’on y sert le champagne dans les rues.
Le malentendu est complet, mais il est accueilli par l’équipe de Hara-Kiri. Avec eux, il partage l’idée que la férocité maintient en forme et que l’élégance n’est jamais très éloignée de la scatologie.
Par la suite, Willem devient célèbre. On le demande, on le réclame, il est embauché par Libération. C’est ce qu’on appelle le succès. Mais la gloire n’étant pas sa préoccupation majeure, nous nous en tiendrons là, en notant cependant qu’une exposition lui a été consacrée par le centre Centre Pompidou en juin 2006.