Créé en 1911 par Pierre Souvestre et Marcel Allain, Fantômas est le premier héros délibérément négatif de l’ére moderne, séduisant le public par son abscence de scrupules et son talent a faire du crime une figure de style. Mais si ce dandy du mal a marqué si durablement l’inconscient collectif de son empreinte, devenant au fil du temps la matrice d’une longue série de monstres romantiques, c’est moins pour ses crimes que pour la quête d’absolu et la dimension esthétique qu’il y insuffle.
En donnant sa version intime et décalée de Fantômas, Benoît Preteseille retourne aux sources du personnage et escamote sa philosophie pour la pervertir, transformant « le crime est un Art » en « l’Art est un crime ». Enrôlant dans cette aventure son panthéon artistique personnel, il met en place un jeu de références et de fausses pistes propre a tourner en dérision l’Art, ses conventions bourgeoises et leurs disciples médiatiques.
Sarcastique ou idéaliste, le Fantômas de Benoît Preteseille est le héros postmoderne par excellence, rassemblant tous ceux qui l’ont précédé, monstres ou monstres sacrés, et les détruisant d’un même geste négligent. En compagnie du lecteur, il contemple son oeuvre, anéantissement nihiliste dont les décombres disent mieux que les pamphlets l’état d’un monde peuplé de bien-pensants pas moins monstrueux que Lucifer.?