Persuadé que la prothèse oculaire de son oncle est un objet magique, un gamin crédule se crève un œil. Ainsi débute l’histoire, tragique et dérisoire, de Victor. Elle se déroule sur le rythme décousu et fantasque des romans-feuilletons, avec comme décor le bric-à-brac bourgeois de la Belle Époque : coloniaux courageux, mages mystiques, peintres pompiers, marquises majestueuses.
Une femme avec un trou béant au ventre, qui voit des choses insensées dans les yeux des animaux, éveille chez l’influençable Victor une vocation de peintre. Pour pouvoir installer son atelier, il assassine un cheval à corps d’homme, qu’il a surpris à compter des diamants au fond d’une grotte.
Pauvre Victor ! Le voilà riche mais maudit. Il ne peut plus peindre que des canassons, ce qui handicape sa carrière d’artiste mondain. Tout cela finit très mal, comme il se doit.
Benoît Preteseille a de bien mauvaises fréquentations : Fantomas, Elephant Man, Heurtebise, Arsène Lupin, Arthur Cravan, et autres dynamiteurs du conformisme et de la morale. Ennemi de la logique et de la raison, ce pistolero dada affronte notre société déshumanisée avec pour seules armes la dérision et l’humour.Les véritables monstres de Maudit Victor ne sont pas les » freaks », magnifiques et grotesques, mais les braves gens, les gens normaux, cupides, égoïstes et stupides, rouages banals d’une mécanique sociale implacable et meurtrière.