Mes amis, cela fait maintenant des années que vous me posez sans relâche et toujours avec une lueur d’espoir dans les yeux, cette même question « À quand un volume de Pepito chez Cornélius? », « Cela ne saurait tarder! » vous répondais-je, en toute bonne foi. Puis ce fut « C’est pour fêter le printemps! », « Pour vaincre la monotonie de l’automne! », « Pour vos longues soirées d’hiver au coin du feu! ». Mais ce que je voulais faire de Pepito n’était jamais assez beau, assez complet, assez travaillé pour rendre justice à son formidable créateur, Luciano Bottaro. Mon admiration sans borne pour celui qui était devenu l’un de mes auteurs fétiches et une source d’inspiration majeure pour Cornélius ne me laissait pas d’alternative, je ne publierais pas Pepito tant que je ne serais pas à la hauteur de lui offrir le livre qu’il mérite. Pour cela, je vous ai fait languir, trépigner, certains m’ont maudit, d’autres m’ont envoyé des ultimatums et des lettres de menaces des plus virulentes. En vain. Si nous sortons Pepito aujourd’hui, ce n’est pour céder à la pression des lobbies de fans hardcore dont vous, cher lecteur, faites probablement partie. Non, c’est parce qu’aujourd’hui, après des mois, des années de dur labeur, je peux sans rougir vous offrir un Pepito digne de ce nom.
Nous avons opté pour une couverture cartonnée avec un marquage or, recouverte d’une jaquette.
Chacune de ces 256 pages a fait l’objet du plus grand soin et à chaque histoire nous avons accordé un traitement spécifique:
Cinq d’entre elles sont en noir et blanc.
Deux autres en quadrichromie.
Et trois dans une somptueuse trichromie.
À noter que la mise en couleur de ces histoires a été effectuée par nos soins, de longues heures durant, ne s’arrêtant que pour panser nos mains calleuses et nos doigts usés. Ce ne fut pas une mince affaire mais le résultat est bluffant, n’est-ce pas?
Notons qu’à cela s’ajoute l’introduction documentée de David Amram, illustrée par des couvertures en couleur des magazines de l’époque.
Et pour ceux qui ne connaissent pas notre jeune corsaire, laissez-moi vous en toucher deux mots.
Le port de Rapallo connaît au 16e siècle les incursions des barbaresques. Il est donc tout naturel que l’univers des marins et des pirates fascine Luciano Bottaro. Son crayon donne vie à Aroldo le Boucanier, au capitaine Bomba, au mousse Tim et bien d’autres marins funambulesques sillonnant une improbable mer des Caraïbes.
Pepito naît en 1952. Il est vite adopté par l’éditeur français Sagédition, qui publie à partir de 1954 une revue éponyme.
Combattant pour la justice, le petit corsaire commande le navire La Cacahuète et son équipage de matelots excentriques, amateurs de rhum et de tafia, de ducats et de doublons, le lieutenant Crochette, le Bosco Ventempoupe, La Merluche, Bec-de-Fer, Stockfish…
Leurs aventures se déroulent dans des Caraïbes imaginaires, quelque part entre l’île de Pâques et Hispaniola, et plus précisément à Las Ananas, possession du roi Alonzo XXXIV, que dirige sa Ventripotence le gouverneur Hernandez de La Banane.
Arborant le Jolly Roger, Pepito se montre fidèle à l’idéal libertaire des gentilshommes de fortune et ridiculise les ineptes représentants de l’autorité, qu’ils soient roi, officiers, nobles, fonctionnaires, médecins ou scientifiques, tel Loufockstein, l’inventeur d’une massacreuse universelle électronique, qui lui vaut le prix Nobel de la Paix, tous aussi stupides que cupides, à commencer par l’incapable et corrompu La Banane.
Bottaro donne ici une interprétation souvent ironique, toujours joyeuse et burlesque, proche de la commedia dell’arte, des récits de Stevenson ou de Salgari, et des grands films qu’ils ont inspirés dans les années 40 et 50, de Capitaine Blood à L’Île au trésor.
Alors, moussaillons, hissez les voiles et mettez à votre tour le cap sur l’île des Suprises. Vous la trouverez sans peine. Par 24° 12′ de latitude Nord et 74° 48′ de longitude Ouest, elle se situe dans la Mer des Sargasses, au milieu du triangle des Bermudes.
Et pour votre culture personnelle, voici une courte biographie de ce génie, Luciano Bottaro.
Né en 1931, à Rapallo, cité côtière proche de Gênes, Luciano Bottaro découvre la bande dessinée avant de savoir lire grâce à Carl Barks et Floyd Gottfredson. Abandonnant joyeusement des études de comptabilité, il donne, dès 18 ans, des gags et des histoires courtes à l’éditeur génois G. De Léon. Son imagination prolifique accouche du canard Papy Papero, du champignon anthropomorphe Pon-Pon, du vagabond Gio Polpetta, des hors-la-loi Pop & Fuzzy, de l’ours ivrogne Whisky, de l’éléphant Nasolungo et la souris Gambacorta, des lapins Zampino et Nerone, et de bien d’autres personnages aussi aimables que farfelus. Travailleur acharné, Bottaro produit plus de 20.000 pages pour d’innombrables éditeurs d’illustrés bon marché, dont la branche italienne de Disney, pour qui il dessine les aventures de Donald (Paperino), se réappropriant des personnages de Carl Barks (la sorcière Nocciola) et en créant de nouveaux (Rebo le dictateur de Saturne). A la fin des années 50, d’autres dessinateurs, dont Carlo Chendi et Giorgio Rebuffi, se joignent à lui et forment un groupe, baptisé École de Rapallo, qui devient en 1968 le Studio Bierreci, singulière tentative d’autogestion professionnelle. Les auteurs d’illustrés populaires doivent alors rester anonymes et Bottaro est exploité sans merci par des éditeurs qui le spolient de ses droits d’auteur, lui volent ses personnages et piratent ses histoires. Le Français Sagédition vend ainsi le personnage de Pepito à un groupe agroalimentaire, qui prétendra empêcher Bottaro de continuer à le dessiner. Mais l’artiste continue de créer et de travailler, sans découragement, jusqu’à sa mort en 2006. Comme la plupart des auteurs populaires, il n’aura droit qu’à une reconnaissance posthume. Mais son œuvre aura influencé des dessinateurs comme Florence Cestac et Charlie Schlingo, et surtout enchanté plusieurs générations d’enfants à travers le monde entier.
Pepito est un magnifique ouvrage de la collection Pierre. Il fait 256 pages, mesure 17 x 24 cm et il ne coûte que 25,50 euros. En librairies le 22 août.
@Nostalgique : nous avons commencé à travailler sur ce deuxième volume. Une histoire restaurée et remise en couleurs est parue dans notre revue Nicole et Franky 2. 14,50 euros. Je vous encourage à l’acheter car elle est presque épuisée et que les retours seront détruits…
Même question que celle de Gilles du 26 nov. 2014 :
J’ai acheté, et bien aimé, le Pepito 1. (Aaah !…Mes jeunes années !…J’ai aujourd’hui 70 ans), et j’aimerais bien lire la suite.
Comme votre réponse date déjà de près de 6 mois, je me permets de revenir (respectueusement !) à la charge : Avez-vous une idée de la date de parution du tome 2 ?
Merci d’avance, et tous mes voeux de succès.
J.P.
@Gilles :On commence à travailler dessus !
Bonjour,
Nous sommes presque en 2015…
Qu’en-est-il des tomes 2 et 3 de Pépito ?
Bonjour,
je viens de le recevoir, cette édition est superbe, très travaillée. J’avais jusqu’alors l’édition de 82 chez Futuropolis que je conservais religieusement. Je vais faire de même avec celle-ci.
Vivement les tomes suivants. Merci.
Florent
Un grand merci pour cette édition de Pépito.
J’y retrouve le charme des versions italiennes de Picsou, faite de comédie et d’un discret parfum de science-fiction (Ah, les machines de Loufockstein…).
Mon fils de 3 ans adore aussi. Vraiment, merci.
Cher éditeur, bonjour
Je suis désolé du mauvais français qui utilisent…!!!
sont le collaborateur / éditeur du George Rebuffi en Italie, le président d’une petite association culturelle et courageux appelé Annexia qui propose au public des grandes histoires de la bande dessinée des années 50, 60 et 70.
Je vous écris, avec George, de vous informer que nous avons récemment réédité en coffrets précieux de trois volumes, chacun de 750 pages au total, la collection chronologique des aventures de Pugaciòff (Pougatchoff le loup en France …).
Nous sommes maintenant à mi-chemin de réimprimer, et nous avons couvert les merveilleuses années allant de 1959 à 1965.
Plus de 50 histoires complètes, nettoyé des impuretés de l’époque et enrichi avec des nuances de gris par le même auteur, qui a maintenant 84 ressorts.
Nous avons donc disponible en France environ 1400 pages qui ont été imprimées sur la poche PIPO tête glorieuse.
En plus de sa petite taille, nous avons aussi la nouvelle édition de l’album en format étages, avec un grand volume de 120 pages.
Je me demande si vous êtes aussi intéressé par la reprise de Pougatchòff histoires.
Nous aimons à penser que la France se souvient encore des articles publiés sur le format glorieuse petit, et que nous pouvons travailler ensemble.
Nous vous remercions de votre attention et attendons avec confiance la réponse.
Un accueil chaleureux.
Luca LACA Montagliani
Association Culturelle Annexia
Pour plus d’informations et pour voir nos produits, nous vous recommandons de parcourir notre site web http://www.ottag.it
@Juju : ormi quelques histoires des tous débuts, la série telle qu’on la connaît a ensuite été produite directement pour le marché français et il n’y a pas d’épisodes, à partir de ce moment-là, qui seraient parus en Italie et pas en France. D’ailleurs, la série est loin d’avoir là-bas la même notoriété qu’ici.
@Pierre Cornélius : merci pour votre réponse. Je me demandais : les histoires de pépito sont toutes parues en France ou certaines ont-elles été publiées seulement chez nos voisins transalpins ? Et connaissez-vous un site qui recense toutes les histoires publiées ? merci !
J’espère que vous exhumerez dans l’un des tomes à venir, une aventure de Pépito qui me hante depuis la petite enfance (souvenirs ! souvenirs) : notre petit corsaire s’échoue sur une île habitées par… Des vampires !